13 Juillet 2022
Pour la première fois depuis 20 ans soit depuis sa mise en circulation en 2002, la monnaie européenne a atteint la parité avec la monnaie américaine. En effet, l’euro a subit une chute de l’ordre de 13% en an et plusieurs mouvements à la baisse assez brutaux en quelques jours seulement. Le tout accompagné d’un ralentissement de la croissance et d’une forte inflation en France mais aussi dans d’autres pays d’Europe notamment en Allemagne où le moral des investisseurs a largement contribué à accélérer la chute.
Notez qu’historiquement, l’euro a atteint son niveau le plus haut par rapport au dollar le 15 juillet 2008. Il était alors à 1,60, un pic favorisé par la crise des subprimes aux États-Unis et la chute de la monnaie américaine. Mais son taux le plus bas, à 0, 8230 dollars, ne fut atteint d’une seule fois, le 26 octobre 2000, en plein période de récession. Mais alors pourquoi ce retour en arrière ?
Le marché mondial est tourmenté et s’inquiète : la guerre en Ukraine, l’inflation, la crise énergétique, le ralentissement de la croissance et une crainte d’une éventuelle récession des activités économiques de la zone euro nourrissent cette inquiétude et entrainent avec elles une chute du cours de la monnaie unique pendant que le dollar gagne des points. En effet, aidée par la remontée des taux directeurs de la Fed, la monnaie américaine continue a grimpé et à renforcer son image de valeur refuge et sa quasi parité avec la monnaie européenne qui elle perd de sa valeur.
De son côté, la maintenance annuelle du plus grand gazoduc Nord Stream 1, transportant du gaz russe vers l'Allemagne, n’arrange pas les choses. Les gouvernements, les marchés et les entreprises craignent que la fermeture pour maintenance programmée pour une dizaine de jours ne soit prolongée en raison de la guerre en Ukraine. Le monde croise donc les doigts pour un retour à un approvisionnement normal d’ici le 21 juillet prochain. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a averti plus tôt ce mois-ci que la pénurie d'énergie actuelle pourrait conduire à une récession en Allemagne et à une crise du crédit qui menaceraient la force économique du pays.
A LIRE : Redevance Copie Privée : les acteurs du reconditionné en colèreMais attention, si la dépression de la monnaie unique pénalise le secteur des pétroles, les petites et moyennes entreprises et les ménages de l’Union Européenne qui voient leurs risques de change s’aggraver et leur pouvoir d’achat baissé ; certains profitent de cette chute. En effet, les secteurs de l’agroalimentaire, de l’aéronautique et du luxe qui commercent beaucoup avec la zone dollar sont les premiers à se réjouir de la situation. Il y a également l’industrie manufacturée qui voit ses exportations gagnées en compétitivité sur le marché mondial et aussi celle du tourisme qui profitera de plus de visiteurs américains.
Il ne faut, cependant, pas se voiler la face, des mesures doivent rapidement être mises en œuvre pour redresser la situation et maitriser l’inflation. La Banque centrale Européenne (BCE) tente de remonter les taux directeurs sans trop pénaliser la croissance économique déjà mise à mal depuis quelques mois. Mais d’autres leviers politiques et techniques doivent être tirés et notamment une amélioration de la conjoncture mondiale et une résolution du conflit en Ukraine qui pèsent lourdement sur la chute des cours de l’euro.
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